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Vous avez dit labellisation ???

11 novembre 2010, par ADAMUS Zbyslaw


« Qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon »

Voilà ce qu’aurait pu chanter le poète à la lecture du projet de décret portant création du label national « information et orientation pour tous » ; pour ce que nous en savons :

  • seront labellisées les bouteilles à large goulot avec 3 pailles, une grosse pour papa Ours, une moyenne pour maman Ours et une petite pour bébé Ours ;
  • à défaut, sera labellisé le porte-bouteilles, pourvu qu’il contienne un biberon pour bébé, une canette de soda (sans sucre) pour les enfants, une canette de bière (sans alcool) pour le post-adolescent, une bouteille de vin (à déguster avec modération entre amis), une maxi bouteille d’eau de source pour madame, et un thermo d’eau chaude pour la tisane de l’étudiant à l’université du 3e âge...

Certes, rares sont les lieux qui peuvent accompagner à la fois le père souhaitant se promouvoir, la mère désirant reprendre une activité professionnelle, le fils qui a ou non une idée de métier et le petit voisin en situation de rupture sociale que le trio familial emmène en plus dans son déplacement.

Plus nombreux sont les cas où les services dédiés aux adultes ayant ou non un emploi, aux scolaires et aux jeunes entre les deux situations travaillent ensemble malgré leur séparation topographique ; apparemment pragmatique, le projet de décret envisage de labelliser « un site ou un réseau territorial », mais dans les deux cas, « au titre du lieu unique » !

La chronologie et la proposition sont étonnantes : suite à la résolution européenne, la loi sur l’OFPTLV charge le DIO « d’établir des normes de qualité pour l’exercice de la mission de service public d’information et d’orientation » ; et des « normes de qualité » ne peuvent s’appliquer qu’à un prestataire ou au service qu’il rend. Or ces normes ne sont pas encore précisées.

Définir la ligne d’arrivée avant de connaître la qualité des concurrents autorisés à prendre le départ est pour le moins prématuré, et apposer un écriteau sur « un lieu » apparaît superficiel, d’autant qu’il existe des lieux qui ne proposent rien, en propre, mais qui accueillent les permanences de services compétents. Ces lieux seraient labellisés, alors que les organismes qui l’animent pourraient ne pas l’être là où ils accueillent habituellement leur public ?

C’est octroyer une médaille à une bouteille sans étiquette : l’usager doit savoir s’il s’apprête à consommer un assemblage de vins en provenance de divers pays de la communauté européenne ou un cru AOC. La mission du DIO reste donc entière… et le dossier paru dans notre « lettre aux DCIO » n° 35 toujours d’actualité.

Pourvu qu’on ait un flacon !

Voilà un autre préalable lié aux menaces à court terme ou déjà mises à exécution qui pèsent sur certains CIO : un réseau territorial peut-il intégrer un service sans locaux et sans crédits ?

Plus que jamais, la question du statut du CIO et de sa place dans les territoires doit trouver une réponse.

Z. Adamus, vice-président de l’ANDCIO

projet de décret

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