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L’orientation scolaire et professionnelle : une histoire de malentendus

Argumentaire pour le maintien des services d’orientation

21 octobre 2020, par BLIECK Corinne


Les CIO sont aujourd’hui menacés de disparition pour les motifs affichés suivants, « l’orientation ne fonctionne pas correctement en France » et « c’est un constat largement partagé », mais surtout pour des raisons idéologiques : dans une économie libérale, le politique cherche à libéraliser, c’est logique. Il s’évertuera à sortir du service public tous les services au public qui pourraient être assumés par le privé, même si le coût de certains de ces services est minime.
Ce double diagnostic, « l’orientation ne fonctionne pas correctement en France » et « c’est un constat largement partagé », repose sur une vision informationnelle de l’orientation. Le MENJ envisage deux leviers pour remédier à la situation :
1. Les Régions vont prendre en charge l’information sur les métiers et les formations auprès des élèves, étudiants et apprentis au sein même des établissements de formation, conformément aux missions que leur confère la loi du 5 septembre 2018 « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ».
2. Les enseignants vont voir leur rôle renforcé en matière d’accompagnement de leurs élèves dans leur orientation, avec le soutien des psychologues de l’éducation nationale de la spécialité éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnel.
De fait, selon cette conception de l’orientation réduite à l’information et à un accompagnement réduit au minimum, les CIO n’ont plus d’utilité dans ce contexte, puisqu’ils n’auront plus à donner de l’information aux élèves, étudiants, apprentis et n’auront plus à les accompagner dans la construction de leur parcours de formation.
D’une part, c’est méconnaitre ou nier les activités réelles des CIO en termes d’accompagnement des politiques publiques d’éducation et d’orientation, d’accompagnement des établissements, en complément du travail qui y est effectué, de rayonnement territorial et de partenariat avec les autres structures de l’AIO pour les jeunes non scolarisés (que le ministre ne juge pas relever des compétences des CIO, services de l’EN, puisqu’ils ne sont plus en formation dans l’EN). Or une grande partie de ces jeunes pas ou plus scolarisés ne relèvent ni des missions locales, ni du réseau IJ et encore moins de Pôle emploi car ils ont besoin d’être rescolarisés avant toute chose, notamment ceux qui ont moins de 16 ans et ceux qui n’ont ni l’envie ni le profil d’une formation en alternance.
D’autre part, c’est leur faire porter implicitement une lourde responsabilité dans les dysfonctionnements de l’orientation.
En effet, quand on dit que l’orientation ne fonctionne pas correctement en France, de quoi parle-t-on ? Ou plus précisément de quelle orientation parle-t-on ?
A. De l’information, auto-information, information délivrée, information proposée, imposée, individuelle, collective, en classe, sur site extérieur, réelle ou virtuelle, numérique, etc.
B. De la guidance par les membres de l’équipe éducative : enseignants, CPE, chefs d’établissement, PsyEN et autres et surtout les parents. La guidance est un accompagnement dans les démarches, la participation à une éducation aux choix et s’appuie sur le Parcours Avenir et Folios de l’ONISEP.
C. Du processus intellectuel qui permet à une personne, tout au long de sa vie, dès son plus jeune âge, de se projeter dans l’avenir, d’anticiper, de construire son parcours de formation et de vie dans un avenir à plus ou moins long terme et en s’appuyant sur la connaissance de sa personnalité, de ses potentialités, de ses compétences (hard et soft skills), de ses valeurs, de ses goûts ainsi que des possibilités de formation et d’insertion professionnelle qui y correspondent.
D. Du conseil en orientation comme activité qui amène la personne à faire son propre choix, à prendre des décisions en toute autonomie et connaissance de cause et sans autocensure, pour qu’elle puisse construire elle-même un parcours de formation, envisager clairement ses possibilités d’insertion et d’accomplissement personnel dans un milieu professionnel. La dimension psychologique de l’orientation est évidente, mais aussi sa dimension sociale en termes d’égalité d’accès à la formation, à l’emploi, à l’autonomie.
E. De l’affectation des jeunes dans les filières de formation selon des modalités techniques, informatisées ou non, mais toujours source d’angoisse et de frustration à tous les niveaux.
F. De la relation formation-emploi, dénoncée régulièrement par le milieu des professionnels et abordée par les interlocuteurs rencontrés par l’ANDCIO, est prise comme indice du dysfonctionnement de l’orientation.
Il est clair que ce serait une erreur de réduire l’orientation à l’un de ces aspects car c’est une question complexe qui ne peut être sérieusement traitée sans en envisager toutes les facettes.
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