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Faut -il vraiment réinventer l’eau tiède ?

30 octobre 2012


Extrait de la lettre spéciale N° 44

Après des mois de concertation sur la refondation de l’Ecole, les hypothèses qui se dessinent pour l’avenir des services d’orientation laissent un goût amer.

Lors de toutes les journées organisées soit au niveau national, soit au niveau académique, le rôle majeur des CIO dans la coordination et l’accompagnement des différents dispositifs a été systématiquement rappelé par les participants.

Or, les pistes qui sont aujourd’hui envisagées pour la mise en place d’un service d’orientation régionalisé supposent tout simplement leur disparition…

La question n’est pas de savoir si les Régions ont un rôle important et légitime à jouer en matière d’orientation. En effet, il apparaît clairement que le système de l’orientation n’évoluera positivement qu’à la condition que l’Etat et les collectivités territoriales travaillent ensemble sur le sujet.

Il se trouve qu’un réseau existe, situé à l’interface entre l’école, ses acteurs, ses usagers et ses nombreux partenaires : les CIO.

Il est maintenant communément admis que le travail sur l’orientation, en direction des élèves et des familles, se partage entre d’une part des actions d’information à visée plus ou moins générale et d’autre part des conseils individualisés.

L’ANDCIO a précisé et développé cette idée autour des deux concepts de guidance et de counseling, qui vont bien au-delà de la simple distinction entre information et conseil, et qui permettent d’intégrer des dispositifs tels que le PDMF, l’Accompagnement personnalisé, etc.

Mais admettons pour l’instant cette distinction : ces deux types d’actions n’ont de sens que si elles sont coordonnées, accompagnées, intégrées. Et pour qu’un travail de terrain existe, le pilotage au niveau de la Région et de l’Académie doit être relayé et mis en œuvre au niveau du Bassin d’Emploi et de Formation.

Les CIO ont pleinement vocation à jouer ce rôle de coordination et d’animation, et ils le jouent déjà.

En outre, dans l’état actuel du service public d’orientation (SPO), les CIO travaillent déjà en coordination avec les agences de Pôle emploi, les Missions locales, les CFA, les FONGECIF, et d’autres structures.

Dans la perspective du futur service public territorialisé, cette coordination pourrait être améliorée et étendue. Or, toutes les expériences dans le cadre du SPO ont montré qu’une condition s’impose pour que cela marche : que cette coordination se fasse dans le respect des identités professionnelles de chacun, et pas dans une fusion des différents services.

Force est de constater que pour l’instant, les hypothèses échafaudées posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, notamment sur l’incapacité à assurer des permanences en CIO avec les seuls COP volontaires, des questions inextricables liées aux statuts, aux missions, la question épineuse des CIO à gestion départementale ou communale, etc.
En fait, il est envisagé de « donner » aux régions des CIO dont il ne resterait que les murs, les directeurs et les personnels administratifs, où seuls quelques COP volontaires répondraient à des prérogatives régionales ; alors que les missions du service peuvent être revues et améliorées sans tout bouleverser.

Avec les CIO, la France dispose d’un réseau structuré qui répond à bien des préoccupations de ses usagers. Comment justifier que l’articulation Etat-Région ait pour fondement la désarticulation des CIO ?
C’est tout le contraire qu’il faut faire… Et il existe des exemples réussis, dont on ferait bien de s’inspirer, comme les lycées agricoles publics, qui remplissent des missions nationales, déclinées localement, auxquelles concourt l’ensemble de ses personnels fonctionnaires d’Etat, et dont le CA est présidé par un conseiller régional.

Dans cet esprit, l’ANDCIO a développé l’idée de la création d’un véritable établissement public qui peut s’inscrire dans la perspective d’un service public territorialisé. Celui-ci permettrait de mettre en œuvre une réelle coordination des actions d’orientation, scolaire et non scolaire.
Les CIO sont au cœur d’interactions complexes que l’on ne peut dissocier d’un coup de ciseaux. Alors sortons par le haut, plutôt que de chercher à réinventer l’eau tiède !


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