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Contribution à l’atelier « la réussite scolaire pour tous »

26 septembre 2012


 IV- Les moyens de la guidance

Reste alors à donner les moyens de cette articulation.

Pour l’ANDCIO, ils sont de cinq sortes :

1- Pérennisation de la qualité et de la gratuité de l’information

Les CIO sont un service gratuit. L’ONISEP est un service public de production et de diffusion gratuit pour les collégiens, lycéens, étudiants et leurs familles. Il doit absolument le rester : service public ; gratuit ; outil de production ; outil de diffusion. Les inégalités de ressources temporelles et d’accès à des relations diversifiées que connaissent les milieux familiaux se doublent très souvent d’inégalités économiques : marchandiser l’information les renforcera. Quelle société veut-on ? Imagine-t-on le coût de l’information et de l’aide au projet apportée dans le cadre de services privés d’orientation ? Un exemple, pour réfléchir, des prix pratiqués par un groupe d’éditions célèbre dans le milieu de l’orientation : de 269€ (prestations par téléphone) à 399€ (prestations en face à face) sur une année.

2- Un capital temps scolaire/élèves d’une semaine par an et par niveau sur toute la scolarité de secondaire

Une semaine par an, c’est le temps nécessaire au déploiement des activités de guidance. Et cela, dès le collège même : La culture sociale, économique et professionnelle, c’est sur le long terme qu’elle se constitue. Ce capital temps scolaire/élèves s’entend, pédagogiquement parlant, avec ses nécessités de préparation et d’évaluation de l’atteinte des objectifs qu’il se fixe. Il est peu probable qu’une programmation d’une heure par semaine puisse être intéressante, l’alternance de périodes groupées et de périodes distribuées étant souvent préférable. Mais, là encore, tout peut faire sens dès lors que les objectifs et les projets d’utilisation de ce capital temps scolaire seraient pleinement portés par les équipes et les communautés éducatives.

Cette référence au temps scolaire part de l’idée que tout ce qui concerne l’école doit pouvoir être fait dans le temps de l’école. L’école ne peut pas externaliser, qui plus est sans ‘outiller’ cette externalisation, ce qui est nécessaire à la réussite de sa mission éducative, pas plus lorsqu’il s’agit de culture sociale, économique et professionnelle que lorsqu’il s’agit, tout simplement, de culture et de savoirs et du temps de travail nécessaire à l’appropriation de ces savoirs hors les cours mêmes. Ne pas donner la possibilité de ces accompagnements nécessaires, c’est renforcer les inégalités sociales, au mieux les maintenir. Un seul exemple : la recherche de stages en entreprises à tous les niveaux de la scolarité. Est-ce dans le quart d’heure de récréation/temps d’interruption des enseignements deux fois par jour, ou au moment des repas du midi, ou encore en fin d’après-midi et en soirée, ou enfin le week-end que l’on peut raisonnablement se mettre en recherche lorsqu’on est élève ? Globalement, non. Le milieu familial suppléera donc. Tous les milieux n’offrent pas les mêmes ressources, les possibilités et la qualité même des stages pourront s’en ressentir grandement.

3- Des conditions permettant l’organisation de ce temps scolaire : personnels, cadrage institutionnel, renforcement du potentiel des équipes de CIO

  • Les personnels

Si, hors intervenants extérieurs, les personnels privilégiés de la mise en œuvre des actions de guidance sont facilement identifiables :

  • personnels d’éducation et d’enseignement des établissements, dont les professeurs de documentation et les professeurs principaux (qui ne sont pas loin d’être 70% des professeurs d’un établissement), et plus généralement personnels des équipes éducatives, et
  • personnels d’orientation, il convient cependant de ne pas oublier, en particulier pour la conception des objectifs des actions et des formes qu’elles prendront :
  • les parents d’élèves et notamment leurs associations ;
  • les associations de lycéens, la représentation des collégiens pouvant être celle qui existe déjà dans les collèges.
  • Le cadrage institutionnel

Il y a la nécessité que les établissements soient en charge de la conception des activités de guidance et que les équipes des établissements et des CIO le soient de leur mise en œuvre.

  • Le renforcement des équipes de CIO

Le renforcement des équipes de CIO doit se faire par :

  • l’intégration d’autres catégories de personnels dans les CIO, complémentaires des conseillers d’orientation-psychologues et des directeurs de CIO relevant des personnels de direction, utiles tant à l’échelle du bassin que de l’établissement, dès lors qu’il s’agit d’avoir une vue d’ensemble des problèmes rencontrés, par une mise en perspective du système d’enseignement, y compris supérieur, la connaissance au niveau local de la carte des formations, l’appropriation des perspectives de développement économique, la connaissance des inégalités et des discrimination liées au sexe, aux ressources économiques et sociales, à l’origine, à la fracture numérique, la mise au centre enfin de la question du métier et de la profession. Nous désignons par là des documentalistes multimédia/hypermédia, des chargés d’accueil et d’information, des chargés de relation avec les entreprises et le monde socio-économique et professionnel, des ingénieurs d’études quantitatives et qualitatives ;
  • la formation des conseillers d’orientation-psychologues contractuels qu’ils comportent. Ils sont maintenant 1750 pour 4000 postes de conseillers. Peut-on continuer à leur demander de se former, seuls, hors de leur temps de travail ? L’institution a de véritables obligations à leur endroit ; le lien avec l’apport que cette formation aura pour les équipes des CIO et partant des établissements est évident ;
  • la reprise du recrutement des conseillers d’orientation-psychologues pour qu’ils puissent avoir un temps de présence conséquent au sein de l’établissement permettant une intégration plus large aux équipes et le développement d’actions de fond.

4- La naissance des CIO comme structures institutionnelles

Il y a la nécessité qu’aux établissements, qui existent bien comme institutions, correspondent de véritables institutions CIO. À notre sens, le conseil technique d’un établissement, voire d’un groupe d’établissements d’un bassin de formation, ne peut être le fait que d’une autre institution, en l’occurrence le CIO. Sinon, il s’agit certes encore de conseil technique, mais au chef d’établissement, pas à l’établissement : les deux ne se confondent pas. Que veut-on privilégier : l’interinstitutionnalité ou les relations interindividuelles ? Le choix de l’ANDCIO est clair : c’est dans l’interinstitutionnalité que peut se trouver l’une des sources de l’efficacité de la guidance. Pas dans la dissymétrie instaurée entre équipes d’établissements au mieux, chef d’établissement le plus souvent, et personne singulière du conseiller d’orientation-psychologue.

En tant que leurs directrices et directeurs, nous portons au quotidien l’exigence de CIO comme lieux ouverts à tous publics, indépendants des établissements scolaires comme des institutions du monde du travail et de l’emploi, et garants que l’orientation tout au long de la vie inscrive bien son action dans la longue durée, celle de la formation initiale, dès le collège, et celle de la formation continue. Nous affirmons que c’est dans le cadre de l’interinstitutionnalité plus que de l’interpersonnel que cette exigence peut être le mieux satisfaite. Et c’est dans ce cadre que les potentiels irremplaçables des personnes et professionnels de l’enseignement comme de l’orientation peuvent trouver à s’exprimer.

Ce point mérite attention. Pour l’ANDCIO, la volonté de considérer le CIO comme un ensemble, une structure institutionnelle, se marque de deux façons.
La première est celle du renforcement des équipes de CIO. Elle a été développée plus haut.
La deuxième provient de la pensée d’une nécessaire synergie entre établissements d’un même bassin. À notre sens, la reconnaissance des CIO comme institution de proximité est indispensable à cette synergie ou si l’on veut à cette intermédiation des acteurs majeurs de l’orientation que sont les établissements . Nous l’avons rappelé dans notre contribution consacrée à l’information dans le sous-groupe relatif au service public de l’orientation. Les points qui suivent en proviennent.

« Il est peu probable que chaque établissement scolaire, même muni d’un psychologue, soit en capacité de mettre en place l’ensemble des ressources nécessaires à la guidance. Actions d’information inter-établissements, accès à des professionnels d’horizons plus élargis que ceux d’une seule communauté éducative, par exemple pour la mise en place du PDMF, relations avec les établissements d’enseignement supérieur dans le cadre de l’orientation post-bac, relations avec les entreprises, associations, chambres syndicales et patronales, syndicats, acteurs et institutions du monde socio-professionnel, mise à la disposition des familles d’informations pertinentes sur les caractéristiques du bassin de formation, relations avec les fédérations de parents d’élèves la plupart du temps organisées au-delà du seul établissement… tout cela nécessite de la coordination, de la mutualisation souvent.
« L’ANDCIO estime que le CIO est une structure dont la contribution à cette synergie des établissements et à leur vocation à être reliés à leur environnement doit être reconnue, renforcée et institutionnalisée. L’ensemble des CIO doit se voir doté d’une personnalité juridique sous la forme d’un établissement public dont le niveau d’implantation lui permette la contractualisation avec ses partenaires homologues : établissements scolaires, mais aussi autres partenaires et institutions du bassin d’emploi et de formation. Sa mission d’aide à la complémentarité entre tous les acteurs de l’orientation et à la mise en place à l’échelle d’un territoire des actions de court, moyen et long terme relevant de la culture sociale, économique et professionnelle, voire de la construction d’une capacité à s’orienter tout au long de la vie, et de l’impossibilité de dissocier le sujet en deux composantes (celle de la réussite scolaire et celle de la réussite en orientation, ou encore celle de sa réceptivité à la pédagogie et celle de sa réceptivité à l’information) doit être symbolisée et matérialisée pour l’Andcio dans trois directions :

  • une composition de l’équipe du CIO faisant place à la diversité […] ;
  • une composition du CA de l’établissement public faisant place à la pluralité des mondes de l’école et de l’environnement social et professionnel et, notamment, à la représentation des catégories suivantes : chefs d’établissement scolaire, personnels enseignants et de l’éducation nationale, parents d’élèves, lycéens et étudiants, collectivités territoriales, aide sociale à l’enfance, monde économique, social et de l’environnement, jeunesse et éducation populaire […] »
  • - une déclinaison pertinente des missions des CIO […].

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